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En 2015, il s’est passé…

Publish 28 March 2016

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Nostalgique de l’édition 2015  ?

On vous propose de revivre ces 3 jours de bonne humeur, de convivialité et de fête avec Martin, reporter sur le festival :

JEUDI 13 AOÛT

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Dès notre arrivée aux abords de Fraisans vers 13h, on constate rapidement la première évolution par rapport à l’an dernier : l’accès au village se fait par une route unique, ce qui permet d’arriver directement sur les parkings festivaliers et professionnels. Une fois la voiture garée, on se rend immédiatement compte que la route principale qui sépare le camping du site est fermée aux véhicules et permet ainsi de circuler très facilement aux abords du festival. La surprise vient de la météo : très incertaine jusque-là, il y a en ce début d’après-midi une forte chaleur.

A 14h, après avoir récupéré le précieux sésame permettant de circuler librement dans l’enceinte du No Logo, salué les différentes équipes sur place, un petit tour du site permet de voir la présence de deux écrans de part et d’autre de la grande scène, permettant de diffuser les concerts en direct. Avant l’ouverture, des vidéos des précédentes éditions défilent, sous le soleil de 2013 et la pluie de 2014. L’autre nouveauté est facilement repérable : l’association bisontine COGIP, organisatrice notamment des soirées Rootikal Vibes, bénéficie d’une belle structure pour y abriter leur soundsytem artisanal, qui diffuse pas loin de 9 kilos de son ! Le collectif a réuni pour l’occasion différents collectifs, comme Foundation Hifi Sound, Dawa Hifi, DubCreator… Au micro, nous pourrons entendre Naïtem, voix féminine de Rootikal Vibes, Caporal Poopa et Jubb’s, membres des Jah Soldiaz, et King Pablo. Beau programme pour cette « scène B » !

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Dans la foulée, je m’oriente vers le camping, complet depuis quelques jours, afin d’observer l’installation des festivaliers. Dès les premiers mètres, des bruyants « apéros » et « cancoillotte » se font entendre, dans un esprit bon enfant. Des coups de mains spontanés sont proposés aux campeurs pour les aider à porter leurs sacs. Et pas seulement aux jolies filles, deux costauds sympathisant immédiatement sur leur court trajet commun. L’espace s’est agrandi, la plupart semblent être là depuis le matin et sont déjà confortablement installés. Un groupe d’Annecy m’indique avoir fait la route hier, et même pris quelques jours de congés pour ne pas louper cet événement qui s’est rapidement imposé comme l’un des plus gros festivals reggae Français, après seulement deux éditions.

A 15h, il y a déjà du monde à  l’entrée, prêt à fouler le site des Forges. Des membres du staff distribuent programmes et cendriers de poche, les files d’attente grossissent pour retirer les tickets, mais tous ces mouvements sont plutôt fluides, et l’ambiance est déjà au beau fixe. Côté organisation, une voiture bloque le stationnement d’un bus d’artistes, ce qui crée à juste titre un peu de stress. Après un peu de retard, les barrières s’ouvrent ; les vidéastes bien connus de Visual Break sont présents en nombre pour immortaliser les premiers festivaliers qui pénètrent sur le site.

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Les premières basses du soundsystem résonnent, et plusieurs dizaines de personnes se collent immédiatement aux caissons pour apprécier les tunes distillées par le collectif. Le week-end va être long pour certains…

Peu après 16h, Joyce Tape ouvre les hostilités, avec une voix qui capte immédiatement l’attention des festivaliers déjà présents sur place. Au cours du set, la pluie et la foudre s’invitent soudainement, permettant de voir fleurir les ponchos mais ne perturbant pas pour autant la bonne humeur du public. L’happy hour proposé entre 17h et 18h permet de garnir les trois imposantes buvettes, et le site est déjà bien rempli pour l’heure.

A 17h20, des centaines de personnes sont déjà présentes lorsque Sunatcha, Maître de Cérémonie du week-end, prend le micro pour annoncer Broussaï. Le groupe a connu une ascension fulgurante ces dernières années, écumant les plus grands festivals d’Europe, dans la lignée de Danakil et Sinsemilia. J’avais vu leur prestation à leurs débuts  au Cylindre en 2006 : près de 10 ans après, l’énergie est toujours la même, Broussaï prend assurément du plaisir à être présent au No Logo et le public leur rend bien : les nouveaux titres font mouche, quand les anciens sont chantés en cœur par un public relativement jeune et enthousiaste.

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Le set s’achève une heure après, mission accomplie : le public est ravi, puis une partie regagne rapidement le camping, car la pluie tombe désormais en continu. Ce qui ne devait être qu’une averse commence à prendre progressivement des airs de véritable déluge… Clinton Fearon investit la scène et propose durant plus d’une heure une setlist bien roots pour le plus grand bonheur des plus anciens.

Après une nouvelle session de Rootikal Vibes et des annonces de « sold out » pour les jours suivants, Barrington Levy investit la grande scène, devant une foule qui ne cesse de s’agrandir. Il sollicite le public à de nombreuses reprises ; non, nous ne voulons pas rentrer chez nous maintenant, le public attend de s’enflammer. « Murderer » fait monter la température, mais il faudra attendre la version finale de « Here I come » pour atteindre à nouveau ce niveau.

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Je me dirige vers les stands de nourriture, observe un peu l’effervescence. Plusieurs personnes me posent des questions sur les accès au camping, la possibilité de racheter les jetons inutilisés, le contact est facile et chaleureux. Beaucoup de Bisontins et plus largement de Franc-Comtois sont présents, mais d’autres viennent de Strasbourg, Lausanne, Dijon, Lyon, même Rennes et Bruxelles. L’occasion pour certains de venir retrouver des connaissances dans la région, et de ne pas louper « l’affiche reggae de l’été ». A l’entrée, la sécurité fait le boulot, pas de problème particulier selon eux. Un flot ininterrompu de personnes continue d’arriver sur le site à 22h ; une dame effectue la fouille féminine, répétant une dizaine de fois par minute « les garçons là bas, les filles ici », la voix déjà bien fatiguée.  Je rencontre une bénévole du collectif « Ensemble Réduisons les Risques », qui effectue notamment de la prévention en milieu festif. Pour le coup, distribution de capotes « on leur dit que c’est au goût fraise parce qu’elles sont roses, mais c’est des conneries, ils en prennent davantage comme ça », et de bouchons d’oreilles « c’est pour les mettre où en fait ? » lui demandent les festivaliers avec un humour certain.

Lorsque Sinsemilia démarre vers 22h, plusieurs milliers de personnes sont massées devant la grande scène. Ils présentent leur nouvel opus mais n’oublient pas les classiques de « Résistances », l’album symbole du groupe,  notamment un message en hommage à Clément Meric et contre la montée régulière de l’extrême droite en France, symbolisée par « La flamme ». Une belle énergie après 25 ans  de scènes, qui ont été agrémentées d’anecdotes comme dans « Douanier 007 », et ils régalent le public jusqu’à la dernière chanson.

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C’est l’heure de la légende de cette soirée : Bunny Wailer fait danses les foules, distillant un bon roots comme à ses plus grandes heures. La voix est toujours aussi mélodieuse et les chœurs et cuivres assurent comme il se doit…

Le roots laisse la place aux machines ; très attendu, Panda Dub se présente, accompagné des artistes Bisontins connus sous le nom de Tetra Hydro K. La formule fait mouche, et met littéralement le public en transe pendant tout le concert. Le terrain devenu quelque peu boueux n’empêche pas les festivaliers d’apprécier les grosses basses envoyées. Après un grand final, un petit temps d’hésitation arrive et les artistes décident d’envoyer un dernier son qui mettra tout le monde d’accord…

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Il est bientôt deux heures du matin, Rootikal vient d’envoyer l’ultime session et les plus acharnés vont aux premiers rangs attendre High Tone, qui clôture la première soirée du festival.  Les buvettes tournent à plein régime, ça rigole de part et d’autre, on s’échange une clope, des feuilles, des mecs te proposent de boire une gorgée dans leurs breuvages ; la bonne humeur est au rendez-vous. High Tone est bien motivé à finir ça en beauté et collabore cette année avec le rappeur Odddatee, qui est bouillant malgré l’heure tardive. Plusieurs temps rythmeront le set, le groupe peut en effet se permettre d’explorer d’autres univers.

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Le retour s’organise vers 4h, la sécurité commence à évacuer calmement l’espace. Les abords du festival sont plutôt calmes, du fait de la circulation coupée aux véhicules. Nous regagnons Besançon, après avoir néanmoins poussé la voiture pour quitter le parking qui avait subi quelques dégâts… Malgré la pression et l’organisation monumentale pour une première journée de festivités, la satisfaction est au rendez-vous ; pas de problème majeur, un site bien garni et des concerts de qualité.

VENDREDI 14 AOÛT

Arrivé sur le site à 14h, je pars faire un tour au camping histoire de prendre la température après une courte nuit pour la plupart des campeurs.

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Le soleil est bien présent sur Fraisans, et je croise beaucoup de personnes qui décident d’aller piquer une tête dans le Doubs, pourtant peu recommandé malgré le cadre exceptionnel du festival. Le « bière-pong » est clairement le loisir en vogue cette année ! D’autres jouent au foot, font la sieste, dessinent, écoutent de la musique, participent aux activités proposées par le festival. Malgré le monde, l’espace est utilisé à bon escient et chacun a pu s’installer correctement, arborant le drapeau breton ou les couleurs rastafarai sur son campement.

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Un tour dans le centre du village permet d’apercevoir de nombreuses tentes disposées ici et là sur les berges du Doubs, les quelques terrasses bien garnies, des colleurs d’affiches et autres vendeurs de galettes de rap indépendant. Au tabac du village, le flux ne désemplit pas et la patronne m’indique qu’ils devraient fermer le samedi, les stocks arrivant rapidement vers la fin. Le chiffre d’affaires du week-end est équivalent à près de 6 mois d’activité pour certains commerces. Les commerçant s’adaptent et tirent parti du festival : par exemple ils ont installé un petit snack pour l’occasion, qui fait recette en ce milieu d’après-midi. « On propose un peu de tout », m’indique le vendeur. « Ça nous fait plaisir d’être là, sans prise de tête ; on gagne de l’argent, on arrange les gens et on passe un super moment ! ». Il va donc sans dire que le festival est une occasion à ne pas manquer pour les petits commerces de proximités.

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Les habitants du village observent, amusés, les groupes de jeunes torses nus à cause de la chaleur écrasante. Les plus anciens apprécient cette effervescence impossible à imaginer à Fraisans quelques années auparavant. « Les gens sont vraiment cools, ils oublient un peu leurs problèmes du quotidien et se mettent dans une bulle pendant le week-end ». Pas de problèmes particuliers selon eux, seulement un peu inquiets des quelques navettes de la Croix Rouge vers Besançon. Ils se sont habitués à passer le 15 août en compagnie de jeunes venus de toute la France, et sont contents de faire découvrir le village. Certains vont même jusqu’à louer leur jardin à ceux qui n’ont pas pu avoir de place au camping, avec service de café et croissants le matin. Classe.

Autre nouveauté cette année : des conférences sont organisées en début de journée, avec notamment Alexandre Grondeau, qui a rédigé les ouvrages « Génération H ». Les affiches du deuxième tome sont placardées en masse sur le festival, où le visage de Leah Rosier fait penser aux affiches « Wanted »…

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Caporal Poopa, local de l’étape, ouvre la deuxième journée avec son album « Slave Island », accompagné pour l’occasion du groupe « Mighty Tone Band ». Ils se connaissent bien et jouent plusieurs titres qui ne sont pas encore sortis. Comme le précisera Sunatcha à l’issue du concert, « franchement, il met le smile Caporal Poopa ? ». A quand un album commun entre le chanteur et les musiciens ?

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A 18h, Charlotte, en poste à la production et à la communication du festival, indique que « tout roule aujourd’hui », malgré l’arrivée de nuages menaçants. Je squatte quelques temps l’espace VIP pour rédiger mon écrit, observant les allers et venues des gens accrédités. Etana joue au loin et donne de la voix pour dynamiser la foule qui ne cesse de grandir sur le site. Peu connue du grand public, elle est déjà bien implantée dans le milieu reggae et propage de la bonne humeur aux festivaliers présents.

Rootikal enchaine encore et toujours, dans leur nouvel espace qui donne une vraie dimension au soundsystem artisanal.

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Place à Amadou et Mariam, le couple Malien qui tourne aux quatre coins du monde pour proposer des compositions dans la plus pure tradition Africaine. Le public s’enthousiasme progressivement et leur réserve un magnifique accueil tout au long du concert. Les familles sont bien présentes dans le public pour apprécier ce moment, et beaucoup chantent les refrains avec énergie. Le site devient vraiment chargé, alors que des centaines de personnes arrivent encore à l’entrée. Malgré une fatigue apparente, un apéro musclé et une forte chaleur, c’est vraiment Biga*Ranx qui a donné rendez-vous aux festivaliers à 20h45.

Après seulement quelques secondes de set, une énorme averse s’abat sur le festival, aussi courte qu’intense, qui rend le sol complètement marécageux et permet de voir les premières glissades. Le Tourangeau propose cette année un set basé autour de machines avec notamment Manudigital qui électrise la foule.

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Les compositions du nouvel album sorti il y a quelques mois résonnent, et les titres « It’s a shame », puis « Brigante Life » se font entendre et mettent le public en ébullition. Les festivaliers sont très réceptifs en ce début de soirée, la foule est bien compacte et réagit parfaitement aux sollicitations de l’artiste.

Le catering du festival est animé, des dizaines de personnes (artistes, salariés, techniciens) viennent se ravitailler de 19h à 22h : au menu ce soir, une délicieuse blanquette de veau…

Les stands de nourriture ne désemplissent pas, tout autant que la buvette et les stands de jetons. On y croise quelques copains qui nous signifient que « on vend des jetons en permanence… Les mecs reviennent une heure après parce qu’ils ont perdu la moitié, ou qu’ils ont rincé tous leurs potes ». On voit aussi des stands proposant des produits dérivés rastas, un syndicat, l’association reggae Uppertone, le stand photo proposé par Visual Break qui permet au public de se faire tirer le portrait…

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Soja démarre son set à 22h30 ; leurs apparitions sont assez rares sur le sol Français, et beaucoup attendaient ce concert avec impatience. La prestation est soignée, la foule captivée et présente en nombre sur l’ensemble du site, comme le prouve cette magnifique vue aérienne prise depuis la grande cheminée des Forges qui surplombe le festival.

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Peu après minuit, après un petit warm-up, le « prophète » Capleton prend place sur la grande scène, deux ans après son passage ici même. S’il a parfois pu faire des concerts mitigés par le passé, celui-ci est à la hauteur de l’attente du public, l’artiste est ultra motivé et fait danser la foule avec beaucoup de titres « classiques ». Une vue d’ensemble depuis la régie permet d’apprécier le spectacle sous un angle privilégié, les lumières sont magnifiques et les briquets illuminent la fosse… Un vrai moment de partage et de communion.

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Kaly Live Dub clôture cette seconde journée, achevant les couche-tard encore présents avec une formule bien rodée qui a fait la réputation du groupe depuis de nombreuses années. Pour l’anecdote, le batteur du groupe s’occupe également de la régie du camping durant tout le week-end : plutôt amusant de le voir faire une « pause » pour aller assurer les drums de Kaly Live Dub.

Le public évacue progressivement les lieux à la fin du concert, le calme s’installe et le bar VIP continue d’accueillir les différentes équipes encore présentes sur place. Les photographes et vidéastes retouchent leurs derniers travaux, rangent le matériel et vont profiter des quelques heures de répit avant de recommencer le lendemain…

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SAMEDI 15 AOÛT

 

Le réveil pluvieux laisse présager comme prévu une fin de festival humide… A l’arrivée sur le site, on constate que de la paille a été disposée aux abords des stands, afin de rendre un minimum praticable le terrain bien endommagé. 5 tonnes ont ainsi été réparties, prévues en amont du festival par l’organisation… Bonne intuition, quand on sait que la météo de 2014 a été désastreuse. Au No Logo, on décide beaucoup de choses, mais hélas pas les caprices du ciel…

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Le « repaire des enfants » permet aux parents de profiter des concerts en faisant garder leurs petits par une association qui les prend en charge. Ce lieu affiche complet bien avant le festival, et permet d’accueillir gratuitement entre 20 et 30 enfants par jour. Au programme : grands jeux, activités manuelles, dessins animés, temps de repos, visite des backstage …

J’apprends que les 24 000 litres de la bière estampillée « No Logo », créée spécialement pour l’occasion par la distillerie locale « Rouget de l’Isle », ne suffiront pas à satisfaire tous les festivaliers.

Le camping garde le moral malgré la température en baisse, et le concours de « balle aux prisonniers » remporte un franc succès, tout comme la possibilité de jouer à de nombreux jeux de société sur place.

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Peu après 16h, Pach Jahwara, artiste bien connu à Besançon, propose de belles compositions et débute parfaitement cette dernière journée de festivités.

Lorsque Taïro investit la scène, la gente féminine est bien représentée aux premiers rangs. La pluie s’invite de nouveau, et l’artiste fait chanter en chœur les refrains des titres les plus connus. Celui qui a collaboré notamment avec Assassin et Diziz par le passé présente désormais des chansons plus sentimentales. En discutant avec Morgan, manager sur cette date, on apprend que le prochain projet proposera pas mal de surprises.

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HK et les Saltimbanks, la moitié du groupe du Ministère des Affaires Populaire, prend le micro à 19h. Le rap musette prend ses quartiers à Fraisans, avec un accordéon entrainant et des paroles engagées. On se rappelle de leur soutien au Front de Gauche durant les présidentielles 2012, où leur engagement musical lors des meetings donnait un peu de joie au milieu des différents conflits politiques. L’énergie est bien présente et le public danse, peu importe la qualité du sol. Rien n’arrête un peuple qui danse…

D’ailleurs, je trouve une belle piste de danse vers la régie, quelque peu improvisée mais assez intéressante à observer : plusieurs gars se lancent dans des combats de lutte (amicaux, et carrément amateurs). On distingue uniquement le blanc des yeux, tant ils sont recouverts de boue des pieds à la tête. Plusieurs personnes immortalisent la scène, qui est franchement très drôle à observer.

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Une spéciale dédicace à ceux qui entretiennent les toilettes sèches, dans des conditions peu agréables ; mais imaginons un instant qu’ils ne soient pas là… L’un d’eux me précise qu’ils sont tous de l’association Aquaterra, organisatrice du festival FéEstival dans le Jura. Ils luttent pour la préservation de l’eau et de la nature, et sont contents d’être là entre potes ; « l’avantage, c’est qu’on finit tard mais on commence vers 19h, c’est un bon compromis. Et le camping municipal est cool, on est bien installés ». Son collègue, les mains prises, me demande de remettre son foulard sur le nez pour s’atteler à une mission que peu accepteraient d’effectuer…

Protoje, l’un des nouveaux papes du reggae conscient, entre en scène, accompagné de son talentueux band « The Indiggnation ». La prestation est digne des plus grands, le chanteur emmène le public dans une autre dimension ; les yeux se ferment, les sourires sont figés et le son est parfait. « Criminal » fait sensation et ce concert restera comme l’un des meilleurs de cette édition.

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Vers 22h, je pars à la rencontre du personnel de la Croix Rouge ; davantage d’interventions sur le site par rapport à l’an dernier, mais pas d’intervention « très grave ». La plupart de celles-ci sont liées à des chevilles foulées à cause du sol, et des excès d’alcool. La trentaine de personnes mobilisées chaque soir garde tout de même le sourire, et il est bon de se rappeler l’utilité de ces individus, et plus généralement de tous ceux qui travaillent dans l’ombre pour le bon déroulement du festival.

On me rapporte qu’un homme se balade, de festival en festival, déguisé en Père Noël et distribuant vêtements, chaussures et autres objets qui peuvent dépanner des festivaliers. Par les temps qui courent, la démarche est à saluer…

A l’issue de son concert, le leader de Protoje improvise une interview au milieu du bureau de la communication, félicitant au passage Mesh, photographe du festival, après avoir aperçu une photo de son concert sur l’ordinateur. Très chaleureux, il s’exprime sur plusieurs sujets avec le sourire, improvisant un petit « jingle » chantonné pour la fin de l’interview.

Côté restauration, 400 repas sont servis chaque jour pour rassasier l’ensemble des personnes œuvrant pour le festival. 7 personnes sont mobilisées pour assurer cette prestation : pas vraiment le temps d’aller voir les concerts, et une présence jusqu’à mardi pour finir le rangement…

L’Ivoirien Tiken Jah Fakoly se présente à 22h15 sur scène. C’est un plaisir d’entendre des titres écoutés à de nombreuses reprises pendant les années lycée, comme « Françafrique », « Quitte le pouvoir »… Si certains lui reprochent une similitude dans les textes d’un album à l’autre, on ne peut nier que la prestation est soignée, et que la setlist est efficace. Malgré sa barbe blanche, il n’hésite pas à donner de sa personne et à courir régulièrement de long en large de la scène. Cette dernière soirée est vraiment à la hauteur des attentes, d’où le « sold out » qui date déjà de deux jours.

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Nous assisterons même à une scène rarissime : Tiken Jah Fakoly et Alpha Blondy qui n’ont pas toujours été en bons termes, acceptent d’être photographiés ensemble pour l’occasion.

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L’autre Ivoirien de la soirée, Alpha Blondy, démarre son concert avec plusieurs minutes de retard : la foule massée devant la scène, attend calmement que l’artiste débute. Les concerts de l’artiste se suivent dans une belle ambiance. Les plus grands titres y passent, comme « Jerusalem », « Brigadier Sabari ». Peu de surprises dans ce concert, après avoir vu plusieurs fois Alpha Blondy, mais un set bien rodé et efficace. Néanmoins, il prend toujours plaisir à diffuser sa musique, et fera un long concert. Il fait partie de l’aventure No Logo dès le début du projet, il est même le parrain de l’événement.

En clôture du festival, le groove se mélange au hip-hop pour le dernier concert de cette troisième édition. Beat Assaillant, artiste au physique plutôt jeune mais à la discographie chargée, enchaine les titres comme « Hard Twelve ». Il rappe parfaitement ses textes sur le rythme des instrumentales, laissant également la belle part à son DJ qui se déchaine pendant quelques instants. Un artiste qui n’est à mon sens pas reconnu à sa juste valeur mais qui possède un potentiel énorme, que ce soit sur scène ou sur album. Une belle découverte pour les personnes qui ne connaissaient pas, et une nouvelle confirmation pour les amateurs de ce groupe.

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Côté fréquentation, les organisateurs annoncent 30 000 personnes sur les trois jours ; cette troisième édition est d’ores et déjà une réussite, et ce bien avant les chiffres officiels. La satisfaction est grande pour les initiateurs du projet, l’aventure continuera donc en 2016… No Logo, implanté dans un village d’à peine plus de 1 000 habitants, réussit à devenir un temple du reggae pendant trois jours. Pari réussi et victoire méritée : le concept est unique, le public soutient, la culture n’est pas morte malgré plusieurs festivals qui jettent l’éponge. No Logo, vous avez décidé, c’était un magnifique week-end ! Après un retour à Besançon vers 4h30, nous décollons au Rototom Sunsplash trente minutes après… Personnellement, j’aimerais remercier Charlotte et Florent, qui m’ont confié cette mission que j’effectuais pour la première fois, et plus largement tous les copains croisés, que ce soit dans le public, sur scène ou en backstages.

One love !